Pierre Pagney, une vie au service de la géographie et de la climatologie

Pierre Pagney est géographe et climatologue, fondateur du Centre de Recherches de Climatologie Tropicale de Université de Dijon. Désormais retraité, il continue aujourd’hui encore l’oeuvre de sa vie de chercheur, celle de comprendre et d’expliquer les phénomènes climatiques, n’hésitant jamais à affirmer le lien organique entre géographie physique et géographie humaine. Retour avec lui sur un parcours hors du commun.

@ HO / NASA-NOAA GOES Project / AFP

 

Comment avez-vous découvert la géographie ?

 

Jadis, en classe de seconde, j’aimais tout particulièrement l’enseignement de la géographie. J’étais fasciné par la théorie de Wegener sur la translation des continents. J’aimais aussi les voyages et le parfum d’aventure qu’ils représentaient pour moi, bien que ma préférence aille cependant plus largement aux sciences de la nature. En fonction de cette inclination, j’avais le choix, en faculté, entre la géologie et la géographie physique. Je choisis cette dernière pour des raisons « sentimentales » : le jeune géographe de l’Université de Besançon avec lequel j’entrepris mes études supérieures était très attachant en même temps qu’un géographe de talent.

Lors de ma licence de géographie, je fus parallèlement amené à faire de l’Histoire, tout en découvrant l’intérêt de la géographie humaine. Mon mémoire de maîtrise me ramena cependant pour un temps à mon thème de prédilection : la morphologie. La souplesse des institutions d’alors me permettait de le faire avec un géologue de renom qui devait par la suite, rejoindre la Sorbonne. Mon thème de recherche intéressait principalement les traces glaciaires et surtout les déformations tectoniques de la surface post-hercynienne des Vosges du Sud et donc, plus généralement, la tectonique.

Le modeste succès que j’en tirai amena mon directeur à me proposer d’entrer dans la formation des ingénieurs du pétrole ; on sait combien la recherche pétrolière doit à la tectonique. Nous étions à la fin des années 1940 : en cas d’accord, mon destin était d’aller sur les gisements d’Hassi Messaoud et d’Hassi R’mel, en Algérie. Je dus refuser car j’allais entrer dans la vie de couple et ne voulais pas engager une jeune femme dans une telle aventure.

L’agrégation de géographie passée, je partis aux Antilles. C’est là qu’après une traversée particulièrement tumultueuse liée à l’effondrement de l’anticyclone des Açores, me vint la vocation de climatologue. Cet événement fondamental explique que,  peu après mon arrivée à Fort-de-France où étaient les services météorologiques du groupe Antilles-Guyanes je décide de me spécialiser en climatologie. Je m’engageai alors dans l’étude des cartes de types de temps et plus largement dans les mystères de l’atmosphère. Ces préoccupations devaient me poursuivre durant les cinquante ans de ma vie professionnelle active dans l’enseignement supérieur.

 

portraitQuels sont vos domaines et terrains de recherche ? Pourquoi vous êtes-vous tournés vers eux ?

 

Mon séjour aux Antilles – en particulier en Martinique, avec de très nombreux déplacements dans l’Archipel – me permit de développer mon goût nouveau pour la climatologie. C’est alors que, d’une manière que je juge aujourd’hui singulièrement osée, je décidai de faire ma thèse de doctorat sur « le climat des Antilles ». Le projet était considérable dans la mesure où il englobait Grandes et Petites Antilles. Il fut accepté par le Professeur Pierre Birot qui devint mon directeur de thèse et qui, je dois dire, s’attacha à mon travail, au point je crois, de s’y passionner. C’était la première fois qu’un géographe français s’engageait dans une thèse de climatologie tropicale : je devins ainsi un climatologue tropicaliste. A cela devait s’ajouter l’acheminement de la deuxième thèse (la thèse annexe).C’est ainsi que sous la direction de Georges Chabot, je fis l’étude rurale de la région comprise entre la montagne de la Serre et la forêt de Chaux ; deux années consacrées à ma terre natale, la Franche-Comté. L’ensemble de mes recherches dura une douzaine d’années (1956-1968).

Mon domaine de recherche en thèse principale était considérable, non seulement par l’ampleur de l’espace étudié, l’archipel antillais, mais aussi par la recherche d’explications lointaines. C’est que la « climatologie dynamique » qui était la mienne, celle de Pierre Pédelaborde, me demandait de regarder comment s’organisaient les processus plus ou moins lointains qui présidaient, en dehors des facteurs régionaux, à la climatologie antillaise. Je devais donc m’intéresser aux événements météorologiques issus de toute l’Amérique du Nord (car l’hiver antillais peut être affecté par les anticyclones mobiles froids issus du Canada), aux événements observés en Amazonie (du fait des remontées équatoriales jusque sur les Antilles du Sud), à l’influence du Pacifique (qui peut conditionner l’Atlantique Nord tropical, donc les Antilles, par les effets ninos) et surtout à l’influence de l’Atlantique par l’admirable jeu des alizés, perturbés il est vrai par l’inexorable saison cyclonique.

 C’est donc une longue quête de renseignements et d’explications qui me mena de Washington à Cayenne, tout en visitant la  plupart des Antilles. Ceci dépassa de beaucoup ma présence à Fort-de-France (deux années). Ce fut possible du fait des missions que j’obtins du CNRS et qui sont restées ancrées dans ma mémoire de façon indélébile. Je pus en particulier pénétrer jusqu’au cœur de l’Amazonie ainsi que dans les Andes du Nord où je dus fixer les processus équatoriaux éclairant les séquences méridionales de mon domaine de thèse.

Mes domaines de terrains et de recherches initiaux furent donc, comme c’est souvent le cas, marqués du sceau de l’effet de circonstance. Par la suite, à l’Université de Bourgogne où je créai, à la fin des années 1970, un laboratoire – toujours en activité – de climatologie qui acquit un grand renom grâce à de jeunes et brillants climatologues, puis à Paris-Sorbonne où je finis ma carrière active, j’élargis considérablement mon horizon de climatologue. C’est qu’à la vérité, la climatologie géographique oblige à avoir, de proche en proche, une vision qui finit par être planétaire. Par mes propres recherches, par celles de mes élèves, par mes lectures, par mes voyages, j’ai pu acquérir, comme tous mes collègues climatologues je pense, une vision globale des climats dont l’illustration a été mon livre Les climats de la Terre… tout en demeurant tropicaliste. J’ai donc cherché à comprendre toutes les formes de climats auxquels les hommes sont confrontés : la climatologie ouvre sur l’homme, que celui-ci soit dépendant du ciel ou, comme je le crois, qu’il devienne aussi aujourd’hui un facteur du climat.

 

Pour vous, comment fait-on de la géographie ?

 

Il est alors clair que, pour moi, « on fait de la géographie » en privilégiant le terrain et l’observation. Cela peut paraître un peu étonnant pour un climatologue que de dire cela. En fait, le climatologue ne regarde pas que l’atmosphère et ses manifestations mais se situe aussi « à l’interface ». En particulier, il s’intéresse aux paysages physiques qu’il doit savoir « lire ». Dans mon cas c’était une obligation, ne serait-ce que par l’analyse des dissymétries spectaculaires qui, aux Antilles, existent entre « côtes au vent » et côtes « sous le vent ».

En outre, bien difficile de faire de la climatologie sans s’intéresser activement à l’environnement humain. Le climatologue doit donc s’enquérir du degré de confort ou d’inconfort que le temps et le climat procurent à l’homme (bioclimatologie), il doit s’intéresser aux conditions dans lesquelles celui-ci obtient des récoltes, bonnes ou mauvaises, aux catastrophes climatiques et tenter d’en adoucir les effets, etc… Il me semble donc que la recherche en climatologie, et c’est un aspect non négligeable de cette spécialité, doit interroger les populations et questionner la relation homme-nature.

J’ajouterai que, fort éloigné de l’idée de la géographie « science sociale » qui me paraît réductrice, je vois là la meilleure façon de faire de la géographie : une discipline spatiale (assortie il est vrai d’une certaine profondeur temporelle par la perception de l’évolution des phénomènes) où le dialogue est permanent entre l’homme et son environnement, environnement en partie construit par lui, mais aussi subi à partir des lois de la nature.

 

Quels textes, auteurs, ont influencé vos travaux et comment ?

 

Les études supérieures telles que les institutions d’alors les ont imposées à ceux de ma génération (j’ai plus de 97 ans) impliquaient des efforts considérables et une résolution de tous les instants, qu’il s’agisse de la licence, de la maîtrise, de l’agrégation (à peu près inaccessible !) ou des deux thèses. Il fallait donc être passionné et persévérant. Mais c’était loin d’être suffisant. Il fallait aussi pouvoir s’épanouir à l’ombre de grands maîtres. Je ne parlerai que de ceux qui ont disparu. J’ai gardé précieusement dans ma bibliothèque, et à une place de choix, les écrits de De Martonne (son fameux traité de géographie physique), les livres de Pierre Birot, Pierre Pédelaborde, Charles- Pierre Péguy, Roger Coque, Georges Viers, Alain Godard, André Cholley, tous pour les développements « physiciens » auxquels ils se consacraient.

C’est dans cet esprit que j’ai également gardé des articles de Jean Dresch dont son extraordinaire Pénéplaines africaines. Mais aussi, par nécessité (préparation des concours et désir de culture), j’ai élargi ma bibliothèque aux travaux des grands tropicalistes qui me firent découvrir  les sociétés dont j’étudiais le climat (Jean Delvert, Pierre Gourou, Charles Robequain). Je puisai de même dans les réflexions d’auteurs tels Vidal de la Blache, Max Sorre, Georges Chabot, Arbos, Demangeon, Pierre George, Xavier de Planhol, ce qui me donnait l’occasion d’entrer complètement dans  la géographie. J’ai gardé également les ouvrages de grands géographes qui m’étaient particulièrement proches : l’hydrologue René Frécaut, l’océanographe et littoraliste André Guilcher, son élève Roland Paskoff, le géographe de la France Philippe Pinchemel. Ils furent mes amis, ainsi que Jean Delvert. Il y en eut d’autres qui me sont, eux aussi, restés chers.

On pourra s’étonner d’une telle diversité. C’est que si la climatologie devint ma spécialité, la géographie était ma discipline. C’est dans ces grands géographes que, par-delà la préparation à l’agrégation, j’acquis la maturité d’un enseignant et d’un chercheur mis au service de ses auditeurs et de ses élèves. Certains influencèrent directement mes travaux ; Pierre Pédelaborde, Charles Pierre Péguy, bien qu’il ne pratiquât pas la même climatologie que moi, et bien sûr, Pierre Birot. Les autres m’influencèrent parce qu’ils m’ont permis, dans une grande unité de vue, de maîtriser (ou du moins de tenter de maîtriser) tous les compartiments de la géographie.

Pourtant, malgré mon âge, je ne vis pas que sur mon passé et à l’ombre de ceux qui m’ont formé. Je suis, dans la mesure du possible, l’évolution de ma discipline et même, tente de l’exporter, dans mon désir d’entrer dans les secrets de la géopolitique et de la géostratégie. J’y reviendrai.

J’ajouterai que tous ceux que j’ai évoqués se sont déployés avant l’ordinateur et avant l’observation satellitaire (ou bien, n’en ont connu, au plus, que les balbutiements). Ils ne travaillaient donc pas avec les moyens d’aujourd’hui et avec les méthodes qui en découlent, dont la modélisation. Est-ce à dire qu’ils sont antérieurs à une révolution qui, grâce aux nouveaux moyens « rebat les cartes » et les rend obsolètes ? Ma réponse est catégorique : non. Ils s’inscrivent en fait dans la continuité, en particulier du fait que leur témoignage demeure comme la marque d’une limite qui s’impose aux investigations géographiques actuelles.

Je commencerai par mon exemple personnel. J’ai clos mes recherches de thèse avant la publication des premières images de satellites, qui se sont révélées par la suite essentielles dans la pratique de la climatologie dynamique. Or, je n’ai trouvé, dans ce nouveau mode d’investigation que la confirmation de mes analyses et de mes conclusions. Certes, il ne faut pas en rester là. C’est ainsi que l’observation satellitaire étendue à l’ensemble de la terre donne aujourd’hui la possibilité de faire des observations en continu, à des niveaux de résolution qui vont des grands ensembles aux plus infimes détails, et de récolter une masse colossale d’informations spatialisées (donc relevant de la géographie). La Société de  Géographie vient d’en faire état avec bonheur, dans une parution dirigée par Philippe Boulanger où l’on apprend entre autres combien « l’intelligence (le renseignement) spatial » est importante dans les questions de défense et combien ce renseignement élargit la vision des géographes. Il y a là, indiscutablement, une avancée considérable dont les géographes actuels doivent avoir conscience.

Il se trouve cependant que l’on ne peut pas accepter qu’il y ait  rupture avec le passé, donc avec ceux qui l’on illustré. Je m’arrêterai sur un point. Les satellites observent mais n’interprètent pas. Surtout, ils ne voient que ce qu’ils peuvent voir : des nuages, des paysages, des espaces organisés, des installations, des matériels, des hommes en nombre ou individuellement, etc. Cependant, ils ne peuvent  intégralement capter ce qui conditionne et anime ces derniers. Il y a donc une part de l’information qui échappe à l’observation satellitaire et, tout particulièrement ce qui relève des structures mentales, c’est-à-dire une part de ce qui dicte les comportements. Prenons un exemple dans ce chaudron que constitue le Moyen-Orient. Lors de l’attaque de l’Irak de Saddam Hussein   par les Américains, ceux-ci ne pouvaient traquer depuis le ciel que les installations illicites (qu’ils ne virent d’ailleurs pas). Mais ils ne pouvaient saisir (ce qu’ils semblent en fait avoir effectivement ignoré), ce qui était le propre du pays attaqué, avec sa division tripartite en kurdes au Nord, sunnites au Centre et chiites au Sud. Or c’est bel et bien, d’après le Général Desportes, le démantèlement de cette fragile combinaison, qui a donné naissance à Daesh, construit autour d’officiers sunnites qui entendaient prendre là, une revanche sur l’échec subi par leur leader. Autrement dit, l’information géographique était en toile de fond de la guerre américano-irakienne et surtout de ses conséquences, qui s’exercent encore aujourd’hui.

Devant ce qui se passe au Moyen Orient, comment, bien qu’ils soient désormais incontournables, n’en rester qu’aux satellites ? La réponse est claire, les travaux de De Planhol et d’autres géographes restent indispensables. C’est très exactement la conclusion à laquelle on en arrive pour tous ceux, aujourd’hui disparus, qui ont irrigué la planète de leurs connaissances.

 

La géographie n’est guère aimée du grand public. Que suggérez-vous pour changer cette situation ?

 

Je dirai plutôt qu’elle est indifférente au grand public qui la connaît mal et lui préfère l’Histoire. Servie fort habilement dans les médias, cette dernière frappe directement l’imaginaire éveillant ainsi une certaine passion pour le passé. Mais il n’y a pas que cela. Malgré leurs divisions internes (débats passés entre l’histoire événementielle et l’histoire des civilisations), les historiens restent cohérents entre eux. Or, ce ne semble plus être le cas des géographes. La mise à l’écart de la géographie physique au bénéfice d’une géographie dite « science sociale » servie par des universitaires de grand talent n’a pas arrangé les choses. Il convient donc, pour qu’ils soient perceptibles à l’extérieur – et  même à l’intérieur – que les géographes redéfinissent leur discipline. Il faut qu’ils redécouvrent la vraie raison de la géographie, discipline de l’espace organisé dans un environnement dont la nature ne peut être exclue.

Sans vouloir être exhaustif, constatons que la répartition largement côtière ou sub-côtière de l’humanité implique des activités et des dangers dont l’analyse est éminemment géographique. Que les climats déterminent des comportements à étudier est tout aussi géographique. Que la géostratégie implique, pour sa pleine compréhension, la prise en compte du lien étroit qui s’établit entre les intérêts ou les ambitions humaines et les localisations à la surface de la planète est, de même, éminemment géographique. Bref, la géographie, science de synthèse – ce qui ne minore aucunement son statut – est bel et bien illustrée par le cadre général du diptyque homme-nature. Des approches géographiques peuvent s’abstraire de l’environnement naturel. Il n’empêche que certains thèmes de géographie humaine en restent tributaires : la géographie urbaine ne saurait être traitée sans la prise en compte des climats locaux, de la pollution qui implique la stabilité atmosphérique, sans les inondations dont l’impact est favorisé par une urbanisation anarchique, quand ce ne sont pas les éléments déchaînés du fait d’un hurricane qui se jouent du fragile équilibre d’une cité menacée à tous moments par les débordements comme l’a montré le cas de La Nouvelle Orléans après Katrina.

Dès lors que les géographes de talent d’aujourd’hui, et ils sont nombreux, auront décidé de redéfinir leur discipline en tenant compte des enseignements des anciens et des capacités à intégrer les techniques contemporaines, ils seront en possession d’un corps de doctrine capable de retenir pleinement l’attention du grand public.

 

Quels efforts accomplissez-vous personnellement dans cette direction ?

 

Malgré mon âge, j’ai décidé d’exporter ma spécialité de climatologue et ma discipline, la géographie, en direction de milieux extra-universitaires. J’ai été un ancien de 1939-1945 avant de devenir officier diplômé d’Etat-Major avec le grade final de Lieutenant-Colonel de réserve. J’ai été admis il y a une quinzaine d’années au sein des Hautes Etudes de Défense Nationale (l’IHEDN) comme Associé. J’ai participé durant cette longue période à l’étude de tous les thèmes géopolitiques ou géostratégiques proposés par les dirigeants de cette institution (ceci, au sein de l’IHEDN/ Bourgogne, ainsi qu’au niveau national). Cet engagement, assorti du fait de ma double appartenance (universitaire et militaire), m’a permis d’intégrer d’autres structures, avec toujours le même objectif, celui de réfléchir aux questions  de défense.

C’est dans ce contexte que j’ai découvert une société d’un haut niveau, très ouverte, très diverse par les origines professionnelles et où j’ai pu, par mes conférences, mes textes, mes livres [1] contribuer à faire comprendre ce qu’était la géographie et combien elle était nécessaire à la compréhension du monde. Cela dit, j’ai eu la satisfaction de constater que plusieurs géographes de renom ont accompli le même cheminement que moi, en regardant vers les mêmes milieux. J’en citerai deux, Philippe Boulanger – voir plus haut – et Gérard Mottet, morphologue, qui eut par exemple l’audace d’évoquer la nature de la dorsale de Lomonossov (une crête d’accrétion), infirmant la vision russe selon laquelle cette dorsale serait un morceau de leur plateau continental, posture qui leur donnait ainsi des droits sur les richesses de ce relief. Ainsi, un géographe traitant de la concurrence des puissances pour la possession des richesses des fonds arctiques, n’hésitait-il pas à présenter à un public ignorant les subtilités de la tectonique des plaques, des débats généralement réservés aux spécialistes.

Même s’il la connaît mal, le public me semble donc réceptif à la géographie. Encore faut-il que les géographes la présentent telle qu’elle doit être, c’est-à-dire telle que l’ont construite avec éclat ceux qui sont aujourd’hui disparus, tout en lui associant les nouvelles acquisitions, notamment techniques. En d’autres termes, la présenter comme une discipline qui tend à décrire et à comprendre l’organisation humaine à la surface de la planète, avec les réussites et les dangers que cela comporte, donc avec les adaptations heureuses et la résilience face aux « vents contraires » que cela implique. Il se trouve que les géographes d’aujourd’hui s’insèrent dans cette problématique, dès lors que le réchauffement climatique (quel qu’en soit l’explication), les met au centre d’un événement géographique nouveau dont ils ont la charge, certes avec d’autres, d’en prévoir le développement et les adaptations.

 

 


[1]  Le climat, la Bataille et la Guerre (2008), Les guerres de partisans et les nouveaux conflits (2013), L’incertitude climatique et la guerre (2016)


La liste des travaux de Pierre Pagney est disponible sur le site du Centre de recherche de Climatologie.

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