[Lu dans la presse] « Départements / régions / intercommunalités : « On a accentué le millefeuille territorial » ». Entretien avec Gérard-François Dumont
Entretien de RT France avec le géographe Gérard-François Dumont à l’occasion de la tenue prochaine des élections départementales et régionales.
RT France : On s’attend à une abstention massive pour les élections départementales et régionales du mois de juin, comprenez-vous que les Français ne puissent saisir le rôle des collectivités administratives ?
Gérard-François Dumont (G-F. D.) : Quatre lois territoriales des années 2020, plus les lois de finances et les nombreuses modifications réglementaires, ont considérablement compliqué la compréhension du rôle des collectivités territoriales. On a accentué le millefeuille territorial. C’est le cas avec des intercommunalités qui ont, depuis 2015, essentiellement un périmètre imposé par l’Etat et qui les a rigidifiées. On a constaté que cette intercommunalité était devenue incompréhensible avec les élections municipales à la métropole de Lyon [Le Grand Lyon] en mars 2020 : au premier tour, les habitants ont voté dans leur commune. Après que les citoyens ont élu dès le premier tour leur conseil municipal dans une des communes de la métropole, ils ne se sont guère déplacés pour le second dans l’élection de la métropole.
Cela démontre qu’ils ne se reconnaissent pas dans cette création factice, qui ne correspond pas à la façon dont ils vivent dans le territoire. A travers toute la France, la plupart de citoyens sont bien incapables de préciser le périmètre de l’intercommunalité qu’on leur a imposée.
RT France : Et pour les départements et les régions, quels sont les principaux problèmes ?
G-F. D. : Concernant les départements, on a créé de grands cantons, surtout dans le monde rural. Avant,l’intercommunalité était souvent organisée au niveau d’un canton, et correspondait à une certaine logique géographique inscrite dans l’histoire. Désormais, les citoyens sont un peu perdus et éprouvent des difficultés à s’identifier à leur nouveau canton. D’autant plus que l’Etat n’a cessé de laisser penser – à tort – que les départements ne servaient plus à grand-chose.
Pour les régions, la difficulté est considérable. D’abord, le citoyen, globalement, ne connaît pas ses conseillers régionaux. Ce qui n’est pas étonnant compte tenu du mode d’élection, d’où il résulte que nombre d’entre eux sont des apparatchiks des partis politiques. Certains ont une notoriété nationale. Avec un grand nombre de candidats ministres ou anciens ministres, les régionales peuvent être des sortes de primaires pour la présidentielle de 2022. Dans les régions où il y a des personnalités médiatisées, on peut imaginer que l’abstention sera moins forte.
Un autre point : l’Etat a considérablement diminué l’autonomie fiscale des collectivités territoriales. Or, il y a de quoi s’esclaffer quand une tête de liste régionale promet qu’elle n’augmentera pas les impôts puisque, désormais, les régions n’ont quasiment aucune ressource propre. Au moins 96% de leurs ressources proviennent directement de l’Etat […]
La suite de l’entretien est à retrouver sur le site de RT France : Départements / régions / intercommunalités : « On a accentué le millefeuille territorial »
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