[Lu dans la presse] Gustave Courbet, le peintre qui fait penser les pierres, par Gilles Fumey
Le 10 juin 1819 naissait à Ornans (Doubs), Gustave Courbet, un peintre très géographique, attaché à sa région franc-comtoise. Y puisant son inspiration dans les bois, la faune et la vie quotidienne des villages. Avec Cézanne, il fut un peintre fasciné par le calcaire à une époque où la géologie était en plein essor. Gilles Fumey examine dans son blog « Géographies en mouvement » une passion peu ordinaire qui pourra effleurer Emmanuel Macron en visite à Ornans ce matin.
« J’aime les choses telles qu’elles sont, et je fais tourner chacune d’elles à mon profit. […] Il y a des gens qui détestent les chiens : pourquoi ? Moi, je les juge à leur valeur ; je reconnais à tout être sa fonction naturelle : je lui donne une signification juste dans mes tableaux ; je fais même penser les pierres. » (Courbet, Ecrits, propos et témoignages).
Cette citation ravirait Philippe Descola qui pense par-delà nature et culture. Elle exprime ce qui, au siècle de Courbet, surgissait comme question sur la connaissance du monde. Les théories plutoniennes de la formation de la Terre venaient d’être acceptées et la géologie s’installait en tant que science dans les années 1830. La minéralogie s’enrichissait des prospections menées par les États pour l’approvisionnement en ressources destinées aux nouvelles industries. Des débats scientifiques et techniques qui concernent les artistes.
Comme l’écrit Alexandre de Humboldt dans Cosmos, la science ne progresse pas sans l’art. Les peintures de paysages alors en vogue, et ceux jalonnés de rochers et de vagues, de forêts et de neige jouent le même rôle que celui du microscope dans la connaissance de l’infiniment petit. Elles aiguillonnent les chercheurs et, en même temps, situent leurs recherches dans le vaste corpus du savoir de l’époque.
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Article à retrouver en intégralité sur le blog « Géographies en mouvement » : Gustave Courbet, le peintre qui fait penser les pierres.
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