Quilmès & Épiphyte
Après avoir quitté Catayafe nous partons en direction du village préincaïque de Quilmès qui était occupé par les Diaguitas (peuple indien sédentarisé). Les ruines du village, qui a compté jusqu’à 8 000 âmes à son apogée, ne représentent que 2% de la superficie occupée autrefois. Le site est magnifique, dominant les plaines de Yokavil (ou Santa Maria), protégé à l’arrière par la montagne d’où émergent au nord et au sud deux forteresses contrôlant l’accès au village.
Notre guide local commence par nous montrer la composition des cactus (cardones). Sous la texture végétale apparaît un tronc de bois percé de trous, dont nous verrons l’utilité ultérieurement.
La surprise, à première vue, est de ne voir qu’une succession de murs continus relativement bas délimitant de grands rectangles. Les habitations étaient partiellement enterrées afin de protéger les occupants du vent. L’absence de toit s’explique par le fait qu’on n’a pas voulu couper les cactus pour utiliser leur tronc (cf supra). Il y avait un patio au centre de l’habitation pour permettre l’éclairage et l’aération de la maison. Aujourd’hui nous ne voyons pas réellement à quelle hauteur les maisons étaient enfouies car aucun travail archéologue ne semble avoir été mené même si un grand nombre d’objets ont été recueillis pour être présentés plus tard dans le musée en construction.
En poursuivant la visite nous passons devant des constructions rondes qui devaient servir de silos pour les produits issus de l’activité agricole des indiens Quilmès. A proximité de ces silos sont présents différents types de mortier, par friction ou par écrasement.
Plus nous montons plus nous approchons de la maison du chef (ou cacique) qui domine l’ensemble. Entre les maisons du bas, pour le peuple et celle du chef en haut, se trouvaient celles destinées aux chamans. De temps à autre apparaissent de petites pyramides de pierres qui étaient les temples votifs de la population Quilmès.
Aujourd’hui il ne resterait que 4 000 descendants de cette population d’origine. Si l’invasion inca s’est déroulée pacifiquement, il en fut différemment de l’invasion espagnole. Celle-ci dura longtemps, plus de 100 ans et les Espagnols déportèrent les indiens Quilmès vers Buenos-Aires. 3 000 furent déportés et seulement 300 arrivèrent dans la capitale argentine et s’installèrent dans un quartier qui porte leur nom. L’histoire dit que les indiens Quilmès de Buenos-Aires ne voulurent pas avoir d’enfant afin que ceux-ci ne soient pas des esclaves. C’est la raison pour laquelle les indiens Quilmès actuels sont des descendants indirects car ils sont issus du métissage des indiens Quilmès ayant échappés à la déportation et des espagnols.
Longtemps ignorés par le gouvernement argentin, le peuple Quilmès ainsi que bien d’autres peuples indiens ont été reconnus par la Constitution Argentine en 1994, ce qui a permis d’améliorer les relations entre les indiens Quilmès et les dirigeants argentins. Un cacique Quilmès est même reconnu maintenant par le pouvoir argentin.
Après cette visite, le voyage se poursuit en direction de Tafi del Valle dans la montagne désertique où la seule végétation visible est celle des cardons. Après le passage d’un col à 3 100 m d’altitude (col de l’Infiernillio), nous nous arrêtons pour le déjeuner.
Ressourcés, nous allons attaquer la route nous menant à une « Yungas » : la forêt « nébuleuse », la Selva nublada (forêt des nuages). Cette forêt tropicale humide se situe entre 1 900 et 3 000m et baigne constamment dans une mer de nuages et de brumes, d’où son nom. Le contraste est saisissant entre l’aridité qui prévalait à Quilmès et l’humidité et la luxuriance de la végétation ambiante. Le climat a favorisé la forêt primaire qui s’est installée et développée, la canopée atteignant par endroit 40 m. Cet écosystème a permis le développement d’arbres géants qui sont à l’origine de l’apparition de plantes épiphytes. Quelques arrêts nous permettent d’apprécier la bio-diversité de notre environnement sylvestre, arbres, champignons, oiseaux, etc…. et de voir un ex-voto dédié au gauchito Antonio Gil, sorte de Robin des Bois argentin.
Après la traversée de la plaine agricole de Tucuman nous arrivons à San Miguel de Tucaman, terme de notre journée.
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