De Lima à Sayan (Pérou)

 

Au cœur du marché coloré de Gamarra, à La Victoria (Lima). Décembre 2015 ©YB

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Au cœur de Lima, la capitale du Pérou, le marché de Gamarra, le plus grand marché textile de toute l’Amérique latine, rassemble dans une profusion de couleurs la clientèle locale et des vendeurs originaires des Andes voisines. Prise depuis « Gamarra », une des stations surélevées de la ligne de métro n°1 reliant quartiers pauvres (Rimac) du nord et quartiers riches (Miraflores) du sud, la photo invite à prolonger le regard vers les bidonvilles en arrière-plan qui, sous la pression de l’exode rural, n’ont cessé de se développer sur les cerrosocres alentours. Au loin, les contreforts de la Cordillère des Andes parviennent à se détacher de la poussière et de la pollution.

 

Le fleuve Rimac, vue vers les Andes (Lima). Janvier 2016 ©YB

 

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Pour une ville comme Lima, située sur un désert plus aride encore que le Sahara et forte d’une population de plus de 10 millions d’habitants, l’approvisionnement en eau est un enjeu primordial, mais n’est pas sans conséquence sur l’hydrographie de la région. Le fleuve Rimac qui descend des Andes toutes proches est un exemple de cet épuisement progressif de ressources aquifères qui, parallèlement, ne cessent de se polluer, faute de l’assainissement nécessaire. La conséquence de cette surexploitation est désormais une réalité : ressource historique pour Lima, le fleuve est aujourd’hui abandonné. Au premier plan, la voie ferrée reliant Lima à Huancayo n’a plus aujourd’hui qu’une vocation touristique, du fait de son statut de plus haute voie ferrée du monde.

 

Cerro Colorado et Plaza Norte (banlieue nord de Lima). Décembre 2015 ©YB

 

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Au pied des contreforts de la Cordillère des Andes, le paysage du Cerro Colorado et de la Plaza Norte se décompose en trois plans :

– au premier plan, les grandes zones commerciales attirent les clients locaux et, dans une moindre mesure, les touristes aventureux qui s’arrêteraient sur la Panaméricaine. Paradoxalement, les quartiers alentours qui s’étendent le long de rues brusquement coupées par la montagne, sont réputés dangereux ;

– au second plan, les quartiers de bidonvilles qui se sont développés au pied de la montagne, sont marqués par la  grande misère économique et sociale d’une population anciennement rurale venue en ville à la recherche d’un travail ;

– au troisième plan, la montagne dont l’altitude avoisine les 1 300 mètres renvoie à ce monde rural pauvre que des millions de paysans pauvres ont abandonné des années auparavant.

 

Vue vers la cordillère des Andes (Sayan). Décembre 2015 ©YB

 

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Le foyer-ferme de la fondation/association suisso-péruvienne Achalay a été créé en 1981, à 130 km au nord de Lima, pour accueillir des enfants désœuvrés de la capitale ou de Huacho, la ville la plus proche, à 60 km à l’ouest. Grâce à son double statut juridique, Achalay s’attache à regrouper différentes associations, dont certaines sont françaises, dont l’action consiste notamment à l’envoi de volontaires et de dons. Dans un paysage désertique à la fois côtier et montagnard, le foyer bâti par Paco et Fernande avec l’aide d’une dizaine de jeunes est devenu un lieu d’accueil, de vie, de jeux, mais aussi de cultures de mandarines et d’avocats. Un canal tire l’eau du fleuve Huaral, issu des Andes, pour alimenter toute la région devenue fertile.

 

Des pyramides andines (Chosica). Janvier 2016 ©YB

 

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Les 40 kilomètres qui séparent Chosica et Lima sont difficilement avalés par le combi en pas moins de 2h30. Arrivé dans la petite ville au pied du col du Ticlio, le deuxième col routier le plus élevé au monde culminant à plus de 4800 m, la chaleur de l’été tropical est écrasante. A la charnière entre le littoral et la montagne, Chosica est une étape essentielle entre Lima et Huancayo. Propres à plusieurs pays sud-américains, les maisons colorées du premier plan sont progressivement remplacées par les bidonvilles éloignés de la route principale.

 

Long is the road (Sayan). Décembre 2015 ©YB

 

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Un jeune homme pousse son vélo, à la sortie de la base nautique du Puquio, dans le district de Sayan, à 150 km au nord de Lima. Dans cette région agricole et rurale, les routes goudronnées serpentent au milieu des cultures de céréales, notamment de maïs, rappelant l’importance du secteur agricole dans l’économie péruvienne. Ces « oasis » agricoles s’éclipsent pourtant rapidement pour laisser place aux arides contreforts de la Cordillère.

 

Yohann Benmalek
Docteur en Géographie de l’Université de Saint-Etienne
Co-fondateur et Responsable Général de l’Association Terres d’Espérance

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