En confinement, la géographie se fait par la fenêtre ! Retour en images sur le projet des élèves de 6ème du collège d’Allonnes.

Au cours de la troisième semaine de confinement (à partir du mois d’avril 2020), j’ai proposé à deux classes de sixième du collège J.F. Kennedy d’Allonnes (REP, Sarthe) de faire un travail pratique de géographie… depuis leur fenêtre !

Tout le monde a une fenêtre : il suffit de jeter un coup d’œil dehors et une multitude de réalités spatiales émerge. La fenêtre a ça aussi de particulier, c’est qu’elle correspond parfaitement à un cadre (physique et matérialisé) pour analyser le paysage de l’espace habité.

Deux options ont donc été envisagées :

  • Soit prendre directement une photographie avec son téléphone,

  • Soit réaliser un croquis simple (sans oublier ni la légende, ni ses crayons de couleurs).

En sixième l’un des objectifs de l’année est d’apprendre à décrire, dire ce que l’on voit (du général au particulier, en plan, etc., mais toujours de manière organisée).

J’ai donc demandé à mes élèves d’écrire un texte (en sixième, on porte une grande importance à ce que ce soit avec des phrases simples, des majuscules et des points) qui leur permette de remobiliser les notions que l’on avait apprises cette année : se loger, se déplacer, travailler, s’amuser, etc. En somme, le concept d’habiter, fil rouge géographique du cycle 3. Mais aussi d’utiliser le vocabulaire plus spécifique étudié dans le cadre des deux premiers chapitres : monde rural, agriculture productiviste, périurbanisation, monde urbain, ville-centre, banlieue, etc. Le contrat me semble rempli !

Par ailleurs, toutes ces descriptions rassemblées forment, par-delà leur contenu, leur propre géographie, celle d’un monde scolaire « à distance », de classes éparpillées, d’élèves confinés… bref une véritable « discontinuité » (pédagogique). Certes imparfaits, ces petits textes sont aussi très touchants. Poétiques presque. Ils font écho à une géographie sociale des représentations. Mais ça reste de la géographie qui vise précisément à appréhender les lieux qui nous entourent. Les questions restent donc : Où ? Et pourquoi là ? Gageons que cet exercice enthousiasmant suscite des vocations à de futur.e.s géographes !!!

   

Karl Zimmer
Enseignant de géographie et d’histoire au collège J.F. Kennedy d’Allonnes

 
  


   

Rose, 11 ans

1 - Rose

« J’habite à Allonnes. Dans une impasse. C’est une jolie zone pavillonnaire. Il n’y a que des familles. Je ne connais presque personne. Toutes les maisons se ressemblent. Elles sont modernes, roses et séparées. Les toits sont en tuiles sombres. C’est bizarre, mais il n’y a pas de trottoir. Personne ne se promène ici. On a tous un petit garage. Tout le monde utilise sa voiture pour se déplacer. Tout autour du quartier, on peut se divertir avec une piscine et un centre équestre. Mais on va surtout au centre Leclerc et au collège ».

  

Maëline, 11 ans

2 - Maëline

« Mes parents travaillent à l’hôpital du Mans. Je suis actuellement chez mes grands-parents à la campagne à Parigné-le-Polin à 15 km du collège. C’est un espace rural. Au premier plan, c’est le jardin où je prends l’air. J’y joue l’après-midi. En deuxième plan, c’est le potager. Mon papy jardine. Il y a un compost. La serre est gigantesque. Mes grands-parents y ont planté des tomates et d’autres légumes pour cet été. Au centre, il y a un pylône électrique. Le fil téléphonique y est accroché. Grâce à lui, on a internet. Je peux travailler sur l’ordinateur avec internet. En troisième plan, on voit l’enclos des chevaux de la voisine. Pas loin, il y a aussi un centre équestre. On peut leur donner du pain dur. On aperçoit un chemin piétonnier. Des gens se promène parfois. On sort pour aller marcher. Les chevaux l’empruntent aussi. La grande route à double sens est pas loin. Elle coupe tout en deux. On peut pas la traverser. Tout au fond, c’est le parc privé du château de Monterau. C’est une jolie forêt ».

  

Augustin, 11 ans

3 - Augustin

« Le paysage visible de ma fenêtre est en quatre plans. C’est une prise de vue plongeante. Au premier plan, nous avons une petite maison HLM (Habitation à Loyer Modéré). Au second plan, nous avons la rue où j’habite. Il y a plein de voitures garées n’importe comment. La rue est reliée à plusieurs grandes routes. Si vous prenez en direction du nord, ça vous mène vers le centre d’Allonnes (le Mail). Vers le sud, ça débouche sur une autre zone pavillonnaire. Et à l’ouest, vous trouverez l’EPSM (Établissement Public de Santé Mentale). C’est l’hôpital psychiatrique de la Sarthe. Au troisième plan, on voit les logements de mon quartier. Ce sont des maisons collées, dont la plupart sont en plein pied. C’est aussi des HLM. On a tous un petit jardin, mais on voit chez les voisins. Au dernier plan, nous apercevons la forêt de Chaoué avec le château de la foresterie et les châteaux d’eau. J’aime bien y aller. Et la nuit, on peut observer la lumière clignotante qui indique aux avions qu’il y a un obstacle »

  

Coralie, 11 ans

4 - Coralie

« Voici le paysage de ma fenêtre. Nous nous situons à Allonnes, en Sarthe. C’est une ville de banlieue, mais j’ai l’impression d’être dans un espace rural. La prise de vue est horizontale. D’abord, il y a les logements pavillonnaires du quartier. Souvent, les maisons sont mitoyennes. Je les trouve un peu vieilles. Elles sont blanches avec des antennes. Une sorte de chemin traverse le quartier avec les places de parking tout du long des logements. Au bout, il mène à la route principale vers Leclerc. Beaucoup de personnes passent ici pour faire leur footing. Un peu partout, on observe de la nature : des buissons séparant les jardins, des arbres, etc. ».

  

Thomas, 11 ans

5 - Thomas

« Je suis à Spay, pas très loin d’Allonnes. Le paysage depuis mon velux est une cité composée de plusieurs pavillons. On est beaucoup ici à se loger. Toutes les maisons sont jaunes, pales. On a tous un petit jardin devant, avec la boite aux lettres sur la rue. Tout autour de nous, il y a aussi des espaces ruraux. C’est un champ, avec des vaches de temps en temps. Pour les piétons, il y a un chemin. Ce sont uniquement les habitants de ma rue qui se déplace à pied ou en vélo, le dimanche. Pour les voitures, on accède facilement à la route départementale. Mais, à coté de ma maison, il faut faire demi-tour. Il n’y a rien à faire ici. Personne ne travaille dans mon quartier. Même moi, je suis obligé d’aller en car à Allonnes. Je suis un périurbain ».

  

Lucas, 11 ans

6 - Lucas

« Le paysage depuis ma fenêtre est une prise en vue plongeante. On peut voir une petite rue avec un parking et de grands immeubles. Nous sommes nombreux à nous loger ici. Mais, il n’y a pas beaucoup de monde qui se balade ici (à part quand il y a école car j’habite juste à côté de l’école maternelle et primaire). On aperçoit un petit bout de la mairie mais elle est un peu cachée, à cause des arbres. Les bâtiments font plusieurs étages. Ce sont des tours. Pas loin, il y a un ancien bâtiment de la Poste. Mais il est fermé depuis plus de quatre ou cinq ans. C’est une sorte de friche pas très belle. On peut voir aussi le centre commercial périurbain, il n’est pas très visible quand les arbres fleurissent. C’est le Leclerc, le long de la route qui va au Mans. Enfin tout au fond, on peut voir la forêt avec deux trois maisons et un village qui s’appelle Pruillé-le-Chétif. C’est au loin, on a du mal à voir avec les nuages, mais sans les nuages on peut le voir. Le monde rural est juste à côté de chez moi ».

  

Clarisse, 11 ans

7 - Clarisse

« En ce moment, je suis chez mon père entre Nanterre et Puteaux. Le paysage visible depuis ma fenêtre comprend trois plans. Au premier plan, se trouve un chemin avec beaucoup de verdure, on peut voir des gens passer pour aller à leur travail ou aller faire les magasins (la Défense est à cinq minutes a pieds). Au deuxième plan, on aperçoit des immeubles d’habitation. Ils sont tout blanc. C’est neuf. On voit les balcons. Au troisième plan, on aperçoit quelques immeubles de bureaux, les gratte-ciels de la Défense. C’est un quartier d’affaire très riche. Par exemple, à gauche, on peut voir la moitié de l’immeuble de Société générale et à droite, un autre immeuble est en fin de travaux ».

  

Hugo, 11 ans

8 - Hugo

« J’habite à Allonnes dans la Sarthe. Voici le paysage du hameau de Picardie, vu depuis ma fenêtre. On distingue trois grandes zones. Premièrement, on voit le bout de mon jardin, mais aussi la clôture et le portillon. C’est mon espace de jeux. Un peu plus loin, le paysage est divisé en deux parties. A gauche, il y a un parc qui est très très très vieux. Des personnes se baladent souvent pour promener leur chien. Aussi, il y a de nombreux chats. Aussi, on peut y jouer. A droite, c’est un parking. La voiture est importante pour aller et venir. Surtout au Mans. Troisièmement, je vois des habitats. Les maisons sont collées. Elles n’ont qu’un seul étage. Ici il n’y a aucun commerce. C’est très résidentiel ».

  

Antoine, 12 ans

9 - Antoine

« Depuis ma fenêtre, je vois ce paysage ! D’abord, ce qui saute aux yeux c’est mon jardin. Ma balançoire. Mon poulailler. Le barbecue. Notre famille y passer beaucoup de temps. Les arbustes nous cachent de la rue. On peut y faire plein d’activités. C’est facilement accessible par le rez de chaussée. Ensuite, on voit clairement la route. Il y a un passage piéton juste en face. En voiture, elle permet d’aller vers Voivres-Lès-Le Mans d’un côté et vers le bourg de Spay l’autre côté. Justement, moi j’habite à Spay, c’est en Europe. Les maisons d’en face sont positionnées le long de la route. C’est coloré. Tout au fond, avec de bons yeux, on aperçoit le clocher de l’église de Spay. Autour de l’église, il y a la vie des habitants, c’est un bourg avec ses petites boutiques. Après, il y a beaucoup de champs, c’est un paysage rural avec des agriculteurs productivistes ».

  

Noa, 11 ans

10 - Noa

« Mon paysage est celui de Spay. Spay est une commune périurbaine située très proche du Mans. Mais, le monde rural nous entoure. Il y a un chemin pour que les gens se baladent. C’est agréable. Ils promènent leur chien ou courent. On voit aussi notre jardin. J’aime jouer au foot ou au basket… Autour de nous, il y a plusieurs maisons locatives collées avec de petits jardins. Plus loin encore, on peut apercevoir un bassin de rétention. Je ne sais pas trop à quoi il sert. La route est uniquement empruntée par les gens du lotissement. D’ailleurs, en majorité on habite dans des pavillons individuels. Ils se ressemblent beaucoup, mais il y a des différences. La plupart appartiennent à des propriétaires. Les terrains sont un petit peu plus grands que ceux des maisons en location. Au dernier plan nous pouvons apercevoir un champ avec un agriculteur. Il est seul avec son tracteur. Il plante du maïs et du blé, pour le revendre ensuite. Il gère aussi des bois. C’est la campagne ! »

  

Alban, 12 ans

11 - Alban

« En premier plan, il y a un petit cabanon, des barrières et un chemin qui mène à la principale rue. C’est biscornu. En deuxième plan, on voit des bancs, mais il n’y a personne. Une voiture, elle bien seule. Et la route, elle mène à un rond-point. En troisième plan, c’est le gymnase. C’est une vaste salle où l’on peut faire plein de sport ! Et s’amuser (mais pas en ce moment…). Au quatrième plan, c’est un pâté de maison, on les voit à peine. Il y a quelques arbres et un arrêt de bus. On peut distinguer le city stade, sorte de terrain de sport en plein air. Ici, c’est Spay. C’est un peu la ville à la campagne ».

  

Inès, 11 ans

12 - Inès

« De ma fenêtre, on voit surtout la route et les maisons, comme dans une ville. Ça se situe à Spay. Les voitures se déplacent beaucoup le matin et le soit pour aller et rentrer du travail. C’est un village proche d’Allonnes. Mais il n’y a pas d’appartement comme autour du collège. On est un peu à la campagne. Tout le monde se balade à pied ou en vélo. On est à côté de la boite électrique pour tout le quartier ».

  

Mathis, 12 ans

13 - Mathis

« J’ai pris la photographie depuis la fenêtre de ma chambre. On voit mon jardin. Il fleurit. Il y a beaucoup d’arbres. Je m’y amuse avec mon grand frère. Au-delà de mon jardin, c’est une petite place. On peut s’y garder. Toutes les habitations sont identiques. Elles sont très typiques du quartier des Hautes Métairies d’Allonnes. On est dans le monde urbain. Le Mans n’est pas très loin avec le Tempo [le bus en site propre]. Au fond, je peux admirer la cime des arbres de la forêt de Chaoué. On dirait le monde rural mais Le Mans est juste derrière ».

  

Angela, 11 ans

14 - Angela

« Le paysage que je vois depuis la fenêtre de ma chambre comprend trois plans très différents. Je suis en hauteur dans un grand immeuble. Le premier plan est mon quartier. Nous avons une rue, des parkings et des trottoirs. Tout est goudronné. Les gens de mon bâtiment se déplacent beaucoup. Ils vont faire leur course ou travaillent. Tous les bâtiments aux alentours sont en béton. Il y a aussi des briques et du ciment. Au deuxième plan, c’est la forêt de Chaoué, avec le centre aéré et le théâtre. On s’y balade souvent. On peut courir, faire du vélo ou aller voir des spectacles. Au troisième plan, les constructions sont à nouveau partout. C’est une zone industrielle, avec plein d’entreprises. Des usines. On a une très belle vue panoramique de chez moi. Je peux même voir le circuit des 24h du Mans quand il fait beau. Je peux donc dire que j’habite une ville (urbaine) mais avec beaucoup de verdure ».

16 Comments on En confinement, la géographie se fait par la fenêtre ! Retour en images sur le projet des élèves de 6ème du collège d’Allonnes.

  1. Merci pour ce beau travail de géographie, je me permettrai de réutiliser l’idée avec mes élèves.

    • Une très bonne idée que je reprends dans un milieu rural : les élèves adhèrent en avance et cela permet plus facilement le lien en cette période d’enseignement particulière…….

    • Merci pour le partage de ce chouette travail. Je vais m’en inspirer pour présenter nos espaces ruraux en Suisse. BRAVO !

  2. Benoit Marillier-Dubois // 20 avril 2020 á 16 h 48 min // Répondre

    Très beau projet de réflexion géographique sur les espaces proches. Merci de l’avoir partagé.

  3. Merci pour cette magnifique idée ! je me permets de l’utiliser pour mes classes en Belgique

  4. Bravo pour ces travaux à tous ces élèves excellents!👏👏👏

  5. bonjour pouvez vous nous contacter rapidement merci le cafe pedagogique

  6. Monsieur Zimmer, encore une fois, vous montrez à travers ces magnifiques travaux d’élèves une réelle passion pour la pédagogie et vous vous plongez corps et âme dans l’expression didactique afin de favoriser l’apprentissage de vos élèves. Je tiens à vous remercier pour votre engagement. Un collègue: M JARIES.

  7. Bonjour. Super travail! Je suis stagiaire, et je me permets de réutiliser votre travail pour mes classes de 6ème.

  8. Quel travail formidable ! Félicitez vos élèves.

  9. Merci pour ce beau projet, que nous allons réutiliser avec des élèves allophones de lycée!

  10. Nathalie- collège kennedy // 25 avril 2020 á 13 h 43 min // Répondre

    Très beau travail des élèves et belle initiative de l’enseignant.
    Cela fait du bien de voir de belles images.

  11. Gayme Evelyne // 2 mai 2020 á 9 h 49 min // Répondre

    Très beau projet, très intéressant. Grande perspicacité des élèves, ils repèrent et comprennent parfaitement ce qui les entoure. Bravo à tous

  12. Bonjour, je suis étudiant en géographie. Très beau travail et une façon de faire comprendre aux plus jeunes que la géographie ce « n’est pas que des cartes ou la mondialisation ». Ils viennent de réaliser un petit diagnostic territorial. Si certains étudient cette fabuleuse matière dans le supérieur, ils s’en souviendront. Superbe idée.
    Amicalement.

  13. horville veronique // 11 mai 2021 á 13 h 38 min // Répondre

    Bonjour,
    Je trouve votre travail formidable,
    Avec votre permission, j’aimerai m’en inspirer avec les 6èmes que j’aurai l’année prochaine! et pourquoi pas le proposer aux élèves allemands de l’établissement avec lequel nous sommes jumelés
    Merci!

  14. histgeo bleriot // 11 mai 2021 á 13 h 41 min // Répondre

    Bonjour, Je trouve votre travail formidable! Avec votre permission, j’aimerai reprendre l’idée avec mes 6èmes de l’année prochaine. Et pourquoi pas avec les élèves de l’établissement allemand avec lequel nous sommes jumelés!
    Merci!

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  1. Aujourd’hui, je suis géographe – Le blog anti morosité

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