Aurélie Delage : « Être géographe, c’est une attitude, une façon d’aborder les choses, à la fois humble et débrouillarde, avec pour entrée privilégiée l’espace »
Si géographes et urbanistes se regardent parfois en chiens de faïence, le portrait d'Aurélie Delage montre que les deux disciplines ne sont pas si éloignées que ne le pensent certains. De Lyon à Perpignan, en passant par New York, Saint-Etienne ou encore Liège, le parcours de cette urbaniste-géographe, aujourd'hui maître de conférences en aménagement et urbanisme à l'Université de Perpignan Via Domitia et membre de l'UMR 5281 Art-Dev témoigne de la manière dont l' "objet urbain" peut être une porte d'entrée pour un meilleur dialogue entre les disciplines.

Sortie de terrain avec les étudiants de Licence 3 à Cerbère (Pyrénées-Orientales). 22.02.2018. Crédit photo : Mathilde Pette
Comment avez-vous découvert la géographie ?
Je ne serai pas d’une grande originalité en répondant que mon premier contact avec la géographie, c’est la carte – en l’occurrence, Mon premier Atlas géant (Editions Gründ), aux pages cartonnées d’un mètre de haut, que je regardais par terre quand j’étais petite, à plat ventre sur les cartes des ressources minières et des richesses naturelles des continents. Ce goût du voyage en papier s’est doublé de la chance de pouvoir voyager tôt en France et dans le monde, ce qui a aiguisé mon goût de l’observation.
Ma rencontre avec la « vraie » géographie, je la dois à mes professeurs de classe préparatoire – comme beaucoup, j’ai principalement eu des professeurs d’histoire majuscule et de géographie minuscule au collège et au lycée. Ce fut d’abord M. Chamonard, en hypokhâgne au lycée Gay-Lussac de Limoges, notamment en cours de commentaire de carte topographique. Il nous disait, avec son accent méridional : « Placez-vous à ces coordonnées sur la carte. Regardez la carte dans telle direction… et maintenant levez la tête ». Sur la toile blanche de projection : une diapositive de la plaine d’Aléria. Ce fut la révélation. J’aimais beaucoup sa façon de faire cours, avec une dimension très incarnée grâce aux intermèdes qu’il nous faisait à partir des photos qu’il avait prises lui-même, et dont il nous expliquait le cadrage, la composition, le contenu. C’était vivant, il nous transmettait son goût du monde doublé d’une exigence de compréhension des mécanismes sociaux, économiques, culturels, etc. J’avais l’impression d’enfin entrer dans l’épaisseur des phénomènes d’actualité.
Ce goût de la géographie fut conforté l’année suivante par mon professeur de khâgne, M. Bloc-Durafour, qui nous a initiés, toujours à travers le commentaire de carte topographique, à la cuesta, aux synclinaux, et autres modelés karstiques. Je n’ai pas continué dans cette voie de la géographie physique, mais en ai gardé un goût prononcé pour la compréhension de la constitution des paysages. C’est ainsi que, naturellement, à la sortie de la prépa, je m’orientais vers la géographie, délaissant sans regret l’histoire qui était pourtant mon projet initial.
Mes années de licence, de master, et de préparation à l’agrégation ont constitué une intense acculturation à la discipline géographique, ses méthodes, son histoire. Pour autant, je me suis éloignée de la géographie disciplinaire en master 2 en poursuivant dans le champ de l’aménagement et de l’urbanisme. L’étude des espaces urbains était ce vers quoi je souhaitais me spécialiser. Cette bifurcation, ou plutôt cette hybridation, est courante : en l’absence de cursus d’aménagement et d’urbanisme post-bac (les formations commencent en licence 3 au plus tôt), tous les étudiants de ce champ ont un passé disciplinaire connexe, de géographe généralement, de sociologue souvent, mais aussi d’architecte, de paysagiste, ou de gestion urbaine.
En urbanisme, en l’absence de champ disciplinaire stricto sensu, c’est-à-dire borné par un corpus théorique et méthodologique spécifique, l’approche par l’objet – la ville – prime sur l’approche disciplinaire. Cette approche par l’objet donne la liberté appréciable de lire des sociologues, des politistes, des historiens, de « faire feu de tout bois », pour comprendre son objet. De fait, en urbanisme, on est davantage ancré dans les sciences sociales dans leur ensemble. Ainsi, au fil du temps et de ma spécialisation sur le fait urbain, je me revendiquerais moins comme « géographe », ni même comme « urbaniste », que comme une chercheuse s’inscrivant dans le champ des sciences sociales de l’urbain, voire des études urbaines, les « urban studies » anglophones [1]. Mes séjours en Amérique du Nord, où cette catégorie est mobilisée aussi bien en recherche qu’en enseignement, n’y sont sans doute pas étrangers.
Néanmoins, j’ai pour ainsi dire « redécouvert » la géographie quand j’ai été recrutée maître de conférences à l’université de Perpignan. Bien que relevant de la section CNU 24 (Aménagement de l’espace et urbanisme), mon poste comprenait en effet un service d’enseignement comportant plusieurs cours de géographie : ce fut – et c’est toujours – l’occasion de se replonger dans les références classiques et actuelles de la discipline.
Ce retour à l’entrée disciplinaire dans ma pratique pédagogique ne me paraît pas antinomique avec mon activité de recherche axée sur l’objet urbain. La géographie et l’urbanisme ont en effet en commun cette entrée par l’espace, sa matérialité, et les acteurs qui la produisent. Plus que la spécificité disciplinaire, ce qui m’importe de faire passer aux étudiants est une grille de lecture et d’analyse du monde qui les entoure. Peu d’entre eux seront « géographes » à l’issue de leurs études, mais la plupart – surtout ceux poursuivant dans notre master d’aménagement et urbanisme – devront produire des diagnostics territoriaux, interagir avec des acteurs publics et privés, prendre des décisions en matière d’aménagement.
Quels sont vos domaines et terrains de recherche ? Pourquoi vous êtes-vous tournée vers eux ?
Etudiante de master, je rêvais de lointain et d’ailleurs comme terrain d’étude. La géographie, ça devait servir, d’abord, à faire des voyages, non ? Et puis la réforme LMD fut mise en place, avec une charge de cours en master plus importante que dans les anciennes maîtrises. Adieu l’année de master 1 à l’étranger. Ma professeur et mentor, Emmanuelle Bonerandi, m’a alors aiguillée vers la question des demandeurs d’asile à Lyon, qui au début des années 2000 squattaient l’espace public devant la gare de Perrache en l’absence d’hébergements d’urgence suffisants. « Tu verras, l’exotisme est parfois au coin de la rue », avait-elle ajouté, avec un sourire. Elle me rappelait ainsi à juste titre que la distance à son objet de recherche ne se quantifie pas en kilomètres, et que cela ne doit pas préjuger de l’étonnement et du dépaysement qui y sont associés.
Mon premier – au sens chronologique – domaine de recherche concerne la question de la marginalité en milieu urbain, dans les grandes villes. Il s’agissait à l’époque (2005) d’analyser l’action sociale d’urgence et son inscription spatiale dans une grande ville, Lyon. En complément de ce mémoire, j’effectuai un stage à l’association Forum Réfugiés, qui s’occupait des primo-arrivants – certains se retrouvaient ensuite autour de Perrache, mon terrain d’étude. Faire un stage en parallèle de son mémoire de recherche n’était alors pas si courant, mais pourtant ô combien formateur, a fortiori quand on appartient à cette frange favorisée des étudiants que sont les normaliens, étudiants par ailleurs peu destinés à poursuivre leur carrière professionnelle dans l’opérationnel.

Observation participante, ACTION annual meeting, The Point CDC (Bronx). 23.04.2014. Crédit photo : SBRWA.
Je n’ai pas continué sur ces thématiques en thèse, mais ai réactivé cette approche de géographie sociale en post-doc en travaillant sur le Bronx (New York City). J’y ai analysé le combat mené par des organisations communautaires locales pour faire démanteler une autoroute qui traverse leur quartier, ainsi que les contre-propositions qu’elles ont élaboré avec les résidents de ce quartier défavorisé.
Mon principal domaine de recherche est l’action collective (qualificatif qui permet d’intégrer acteurs publics, acteurs privés, et société civile) urbaine, appliquée aux mutations des villes post-industrielles occidentales : comment les intérêts publics et privés s’imbriquent dans les espaces urbains en difficulté ? Je suis particulièrement intéressée par les mécanismes de production de valeur – valeur symbolique et économique, valeur d’usage et valeur d’échange – dans des secteurs urbains où les logiques de marché sont mises à mal du fait d’une faible attractivité résidentielle ou économique du territoire. Partant, l’analyse des inégalités territoriales est au cœur de mes travaux de recherche : comment les stratégies des acteurs publiques et privés traitent, mais aussi produisent – de façon délibérée ou non – des inégalités. Mon entrée privilégiée a longtemps été celle du projet urbain, car, outre le fait que le projet a été un mode opérationnel très courant ces dernières années, c’est aussi un moyen privilégié d’analyser les jeux d’acteurs – la manière de faire étant aussi importante que le résultat de l’action. Nonobstant, le projet c’est également une réalisation : la transformation concrète de la ville, c’est-à-dire la ville concrètement produite (quel type d’architecture, quels quartiers, quel degré de standardisation ou de singularisation entre autres) sont au cœur de mes réflexions.
J’ai fait ma thèse sur Saint-Etienne en France, et Liège, en Belgique, deux terrains qui se sont un peu dégagés au hasard des rencontres avec d’autres chercheurs ou praticiens. J’y ai analysé les stratégies de territoires peu attractifs pour négocier le tournant économique et social consécutif à la désindustrialisation. Mon angle d’attaque était les projets de régénération urbaine autour des gares TGV, qui fleurissaient dans nombre de grandes et moyennes villes, en France comme en Europe, au moment de ma thèse. Mon arrivée à Perpignan est l’occasion de nourrir une nouvelle étude de cas sur ce thème, en changeant de type de ville.
Le point commun à tous ces terrains est qu’ils ne sont pas des territoires « vainqueurs » de la métropolisation : les acteurs publics et privés y sont soumis à des contraintes, financières notamment, mais aussi symboliques (le diktat de l’attractivité territoriale) et sociales (des populations fragiles) plus fortes, ce qui oblige à des reconfigurations de leurs interactions.
Aujourd’hui, mes travaux s’orientent de façon plus générale vers les territoires en déclin, dans la mouvance – interdisciplinaire – d’axes ouverts par des chercheurs de mon laboratoire.
Pour vous, comment « fait-on » de la géographie ?
Plus qu’on ne fait de la géographie, je crois qu’on est géographe. Être géographe c’est une attitude, une façon d’aborder les choses, à la fois humble et débrouillarde, avec pour entrée privilégiée l’espace, dont on fait l’expérience concrète par le travail de terrain. Humble parce que le géographe, comme tout chercheur en sciences sociales, doit se laisser guider par son objet, être attentif au retour du terrain qu’il arpente, écouter ce que les acteurs lui disent, et ne pas plaquer un raisonnement a priori.
Quant à la débrouillardise du géographe, elle est facilitée par le fait que l’appareillage méthodologique et théorique est largement métissé, avec des emprunts à d’autres champs des sciences sociales. Pour autant, faire du « bricolage méthodologique » ne veut pas dire faire les choses en amateur. L’appareillage méthodologique et théorique est très important : c’est dans le va-et-vient constant entre ce que l’on observe sur le terrain et ce que d’autres ont observé ailleurs que peut se faire la montée en généralité.
En relisant la question, je me demande ce que, dans mon cas, le fait d’être géographe hybride change à ma pratique – et je peine à donner une réponse claire : le tournant actoriel de la géographie rapproche cette dernière des intérêts de l’aménageur ; la géographie appliquée a traité du sujet de l’utilité sociale et de ce à quoi pouvaient servir les géographes, tout en questionnant la proximité au pouvoir des chercheurs. Finalement, je me dis que je suis géographe par ma formation initiale, et transmets cette façon d’aborder les choses à mes étudiants de géographie mais aussi de master pro d’aménagement et urbanisme, avec une attention accrue, pour ces derniers, portée sur les outils opérationnels. Il est toutefois parfois difficile de leur faire comprendre que l’outil n’est pas tout et que l’aménagement ne préjuge pas de la réussite sociale ou économique du projet : la compréhension fine du fonctionnement du territoire est une compétence majeure qu’ils doivent cultiver, aussi bien par la pratique du terrain – observation et entretiens – que par la lecture d’écrits scientifiques. C’est ainsi qu’ils pourront porter un regard informé sur le territoire dont ils ont la charge et forger une vision pour ce territoire.
Quels textes, auteurs, ont influencé vos travaux et comment ?
Il est difficile aussi bien d’isoler quelques auteurs que d’éviter l’inventaire à la Prévert. De même, il n’est pas évident de démêler les auteurs qui ont contribué à forger sa culture géographique de ceux plus spécifiquement mobilisés pour les travaux de recherche. Les séminaires de lecture auxquels j’ai participé comme étudiante en France (Ecole Normale Supérieure de Lyon, Institut d’Urbanisme de Lyon) et aux Etats-Unis (New School for Social Research, New York City) ont eu une influence durable sur ma construction intellectuelle.
La première famille d’auteurs marquants est celle de la géographie sociale et critique, au premier rang desquels André Vant et Don Mitchell, sur les questions de marginalité dans l’espace public qui m’intéressaient au début de mes travaux. Puis j’ai approfondi les questions d’ancrage du capital et du rôle des acteurs privés dans les métropoles, grâce aux auteurs critiques tels David Harvey, Neil Smith, Doreen Massey, mais aussi Susan Fainstein sur les promoteurs immobiliers ou Gerry Stoker et les auteurs de la théorie des régimes urbains. Grâce à eux, j’ai compris combien il était impossible de saisir les modalités de production d’un espace urbain local sans y faire entrer en résonnance les mutations du monde financier global. Cette nécessité de prendre en compte des mécanismes économiques et financiers a ensuite été renforcée par la lecture de deux chercheurs, qui, s’ils ne sont pas géographes, ont néanmoins grandement influencé mes travaux : Dominique Lorrain et Pierre Veltz.
Enfin, je suis redevable à mon directeur de thèse Franck Scherrer de la lecture de Marcel Roncayolo. J’y ai non seulement compris ce qu’était l’approche géographique, mais aussi puisé une grille d’analyse des espaces urbains comme cristallisation du temps : perspective diachronique utile pour traiter des trajectoires de valorisation-dévalorisation-revalorisation des espaces urbains.
La géographie n’est guère aimée du grand public. Que suggérez-vous pour changer cette situation ?
Je ne suis pas sûre que la géographie soit « guère aimée » du grand public. Je pense qu’elle est surtout méconnue pour ce qu’elle est réellement. Combien de fois me suis-je entendue dire « quoi ! tu es géographe et tu ne connais même pas la capitale de ce pays qu’on peine à positionner sur la carte ! ». Pour beaucoup des gens, la géographie est cette discipline un peu vieillotte qu’ils ont connue il y a plus ou moins longtemps à l’école. Pour eux, la localisation est à la géographie ce que les dates sont à l’histoire : au pire, une liste de choses à apprendre par cœur, au mieux une description des lieux, dans tous les cas quelque chose d’ennuyeux. Autre vision tout aussi répandue et plus optimiste : la géographie c’est le voyage, les paysages grandioses, la carte postale – ce que les médias contribuent à véhiculer à travers les papiers glacés.
Or, quand on fait des études de géographie, on comprend rapidement que la géographie ce n’est pas ça, c’est en fait bien plus que cela : c’est un outil puissant de compréhension du monde qui nous entoure. Force est de constater que la géographie est peu présente dans le champ médiatique, alors qu’elle pourrait offrir un regard expert sur bien des sujets d’actualité, de la politique de la ville à la crise des migrants en passant par le changement climatique. Cette marginalité médiatique des géographes fait sans doute écho à cette habitude qu’ils ont de ne pas être sous les projecteurs universitaires – la posture humble du géographe mentionnée plus haut étant souvent confortée par un certain statut de « vilain petit canard » au sein de l’académie, à l’ombre des reconnus historiens ou sociologues aux méthodes clairement identifiées.
Néanmoins, je refuse toute posture calimérienne. Certes les géographes ne sont pas des vedettes du « 20 Heures », pour autant, ils œuvrent de façon plus discrète et locale mais pas forcément moins efficace. Les Cafés géographiques en sont un bel exemple : initiés à Paris il y a vingt ans cette année, ils ont essaimé dans de nombreuses villes en France et à l’étranger. Inspirés des cafés philo, ils reposent sur le principe de sortir la géographie de l’université, de la porter au café, lieu public convivial. Les intervenants sont des universitaires qui font un effort de vulgarisation de leurs travaux de recherche, parfois en binôme avec un acteur de terrain. Si les étudiants sont un public nombreux et régulier, les cafés géo comptent aussi leurs fidèles « profanes » – la diversité du public étant plus grande lorsque l’on traite de sujets locaux, dans les préoccupations immédiates des habitants.
Quels efforts accomplissez-vous personnellement dans cette direction ?
Je parlais à l’instant des Cafés Géo : j’en ai été membre actif durant sept ou huit ans, de la rédaction de comptes rendus à l’animation des cafés géo de Lyon, en passant par la participation au comité de lecture du site internet – j’étais en particulier en charge de la rubrique « Cartes postales ». J’ai depuis été mobilisée en tant qu’intervenante, cette fois, à Montpellier.
De façon plus modeste, mes allers-retours transatlantiques ont été l’occasion d’alimenter des blogs, tel CitieStreatS, à partir de mes photos du quotidien d’un géographe en vadrouille. Il s’agissait de partager, en premier lieu avec mes proches, mais aussi avec les autres membres du réseau social, une certaine vision de la ville et des espaces fréquentés, en particulier ceux du Bronx largement méconnu. Aujourd’hui, ce blog est recyclé en support pédagogique.
L’essentiel de mon effort s’effectue néanmoins dans le cadre professionnel.
De même que mes professeurs ont eu une influence majeure dans mes choix, je m’efforce à travers mes enseignements de transmettre à mon tour ce goût du monde avec les lunettes du géographe. J’enseigne dans une petite université, Perpignan, dont la réponse aux restrictions budgétaires a été de mutualiser les cours magistraux à plusieurs formations. Ainsi, j’enseigne de la géographie à des géographes certes, mais aussi à des historiens, des sociologues. Cela a pour implication directe de déplacer le curseur de la géographie vers les sciences humaines et sociales, et de constamment chercher le bon équilibre pour faire passer l’essence du raisonnement géographique aussi bien à des spécialistes et qu’à des non spécialistes, y compris en mobilisant des supports moins attendus tels que des extraits de films grand public. Certains d’entre eux, notamment historiens, deviendront des professeurs d’histoire-géographie, avec, du moins c’est mon espoir, une vision plus informée de ce qu’est la géographie.

Exposition de posters d’étudiants de Licence 3 géographie, Faculté LSH, Université de Perpignan Via Domitia. 07.03.2016. Crédit photo : Jacques Windenberger.
En outre, je m’efforce de rendre la géographie visible au sein de la faculté Lettres et Sciences Humaines de mon université, en organisant par exemple avec des collègues une exposition de posters produits par les étudiants, affichés dans le hall de la faculté où tout le monde passe. C’est un moyen de montrer ce qu’est le travail du géographe au-delà du cliché de la production de cartes, mais aussi de susciter un sentiment de fierté des étudiants dont le travail est ainsi valorisé.
Mais force est de constater que toutes les initiatives visant à valoriser le travail académique en dehors de l’académie, que ce soient par exemple les Cafés Géo ou le site internet Géoconfluences à destination des collègues du secondaire, ne sont pas reconnues à leur juste valeur par le milieu académique. Alors que l’enseignant-chercheur est par nature un médiateur de savoirs qu’il a produits ou agrégés, son activité n’est principalement évaluée que sur la production d’articles scientifiques à la diffusion somme toute restreinte, au mépris de son investissement pédagogique ou de vulgarisation, activité aussi passionnante que chronophage. Peut-être qu’une meilleure prise en compte de la fonction sociale des enseignants-chercheurs serait un levier d’incitation à une implication accrue de ces derniers dans la transmission des savoirs hors université.
[1] Voir à ce propos le dossier « Y a-t-il des « urban studies » à la française ? » coordonné par Anaïs Collet et Philippe Simay dans la revue en ligne Métropolitiques.
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