Exposition photographique « A la découverte de Bakou. Voyages de Hugues Krafft dans le Caucase »

Embarcadère. Portefaix assis. Collection de la SAVR / Musée Le Vergeur CAU.340

 

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Portrait de Hugues Krafft. Novembre ou décembre 1898. Tbilissi, Géorgie. Négatif sur plaque de verre, 13×18 cm. Collection de la SAVR / Musée Le Vergeur, CAU.116

Le Musée Hôtel Le Vergeur à Reims dévoilera lors d’une exposition inédite en fin d’année, un pan méconnu de la vie d’explorateur de Hugues Krafft, membre de la Société de Géographie –  sa passion et ses voyages dans le Caucase.

Au XIXe siècle, la région du Caucase qui fait partie de l’Empire russe, fascine l’imaginaire des Européens et attire de nombreux voyageurs.

Parmi les Français qui y ont voyagé, figure le célèbre voyageur, photographe et mécène, Hugues Krafft. Hugues Krafft est né en 1853 à Paris, dans la famille de Guillaume Krafft, associé de la célèbre Maison de Champagne Roederer et d’Emma Mumm, cousine de Jules Mumm, fondateur de la Maison de Champagne rémoise du même nom.

L’aisance financière de sa famille lui permet de se consacrer pleinement à sa grande passion – les voyages. Pendant plus de vingt ans, de 1881 jusqu’à 1912, il mène une vie de globe-trotter. Il entreprend son premier tour de monde en 1881 qui le mène de l’Orient jusqu’au Japon. Il parcourt l’Europe, part à la découverte du Maghreb, de l’Egypte et de la Palestine. Enfin, ses pérégrinations le mènent dans l’Empire russe entre 1896 et 1899 – il assiste au couronnement de Nicolas II à Moscou et visite la Crimée, le Caucase du Sud et l’Asie Centrale.

De ses voyages, il rapporte des centaines de clichés et objets ethnographiques qui servent souvent de base à des conférences, expositions et publications.  Par ailleurs, son livre « À travers le Turkestan russe » publié en 1902 chez Hachette et illustré de 265 photographies, connaît un grand succès. Hugues Krafft est récompensé par le prix Léon Dewez et par une médaille d’or de la Société de Géographie de Paris, le prix Montyon de l’Académie française et par le titre honorifique de membre-correspondant de l’Académie nationale de Reims.

 

Pérégrinations caucasiennes

 

Maisons modernes et tour de la Vierge. Collection de la SAVR / Musée Le Vergeur CAU.355

C’est lors de ses expéditions dans l’Empire russe qu’Hugues Krafft découvre la région du Caucase du Sud qu’il visitera à deux reprises.

D’abord en 1896. Ce premier séjour dans le Caucase se concentre surtout sur la Géorgie. Il visite Tiflis (appelé Tbilissi depuis 1936) et Koutaïssi.

Deux ans plus tard, en octobre 1898, il s’y rend à nouveau pour y rejoindre son ami le baron Joseph de Baye (1853-1931), également membre de la Société de Géographie, chargé alors par le ministère de l’Instruction publique d’une mission archéologique et ethnographique. Entre octobre et décembre 1898, Hugues Krafft sillonne le Caucase du Sud, d’abord en compagnie du baron de Baye, ensuite seul. Il découvre Erevan et Etchmiadzine, visite Tiflis et Gori avant de se rendre à Bakou au mois de décembre 1898.

Lors de ses deux voyages, Hugues Krafft a pris des centaines de clichés – les paysages, les villes, les marchés, les églises et mosquées, les passants. La collection représente au total 547 prises de vue, des tirages de l’époque, dont 361 existent aussi sous forme de négatifs sur plaques de verre. Elle constitue un véritable portrait du Caucase de la fin du XIXe siècle. Tous ces clichés, aujourd’hui conservés au Musée Le Vergeur [1] à Reims, n’ont cependant jamais fait l’objet de publication et restent largement méconnus du grand public et des chercheurs.

 

A la découverte de Bakou

 

La redécouverte récente des documents d’archives et de photographies de Hugues Krafft, conservées au Musée Le Vergeur, permet d’apporter un éclairage nouveau sur son voyage et intérêt pour le Caucase. Une trentaine d’entre elles concernent son séjour à Bakou, aujourd’hui capitale de l’Azerbaïdjan.

A l’époque du voyage de Hugues Krafft, cette ville située au bord de la mer Caspienne était l’un des principaux centres de l’industrie pétrolière du monde. En pleine mutation, elle se transforme en très peu de temps, dans la seconde moitié du XIXe siècle, d’un petit bourg médiéval aux confins de l’Empire en un centre économique important de la région grâce à la découverte du pétrole et la ruée des investisseurs étrangers comme les Nobel et Rothschild.

Si comme beaucoup de voyageurs Hugues Krafft est captivé par la vieille ville orientale avec ses palais, mosquées et forteresses qu’il immortalise dans ses clichés, il s’attache aussi à capturer la vie quotidienne de la cité. Son regard se porte sur le port grouillant d’activités – les chargeurs et portefaix qui se pressent çà et là, les échoppes du bazar, les passants dans la rue, qu’il observe sous le prisme ethnographique.

Ces photographies inédites de Bakou feront l’objet d’une exposition à Reims, au Musée Hôtel Le Vergeur du 25 novembre 2017 au 4 février 2018.  L’exposition présentera également les archives et objets personnels de Hugues Krafft.

 

Ana Cheishvili et Ulkar Muller

 


Les liens de Hugues Krafft avec la Société de Géographie (1ère Exposition, conférences, dîners)

A-t-il assisté, au Cirque des Champs-Elysées, le 2 avril 1880, à la séance mémorable dans laquelle la Société de Géographie reçut l’explorateur Adolf Erik Nordenskiöld qui venait de passer deux mois au Japon au cours de son périple sur la « Vega », et d’y acheter livres et objets ? Nous savons simplement que c’est à la Société de Géographie, qu’il réservera, à son retour de voyage, dès novembre 1883, une de ses premières expositions de photographies et d’objets du Japon. C’est au 184, Bd. St. Germain, qu’il fera sur ce pays ses deux conférences publiques de l’année 1884, celle du 16 janvier et celle du 4 avril, avec projections pour la seconde ; nous en avons les textes et certaines vues.

La Société de Géographie conserve 28 photographies du Japon de H. K., sur papier, toutes signées. La « Réunion des voyageurs Français », émanation de la Société déjà citée, organisa en 1885 un dîner où se rencontraient les voyageurs…  ayant réellement voyagé. H. K. en fit un moment partie, aux côtés de membres illustres comme le Prince Bonaparte, Milne-Edwards, etc. Il fit aussi partie de la Société Franco-Japonaise.

Suzanne Esmein, Hugues Krafft (1853-1935) : voyageur, photographe et collectionneur. in : « L’Ethnographie », t. LXXXVI, 2, 1990, n°108

 


Exposition « A la découverte de Bakou. Voyages de Hugues Krafft dans le Caucase »

25 novembre 2017 – 4 février 2018

Du mardi au dimanche, de 14h à 18h

Entrée libre

Musée Hôtel Le Vergeur

36 place du Forum
51100 REIMS

 


[1] Hôtel particulier que Hugues Krafft achète en 1910 et où il vivra jusqu’à la fin de ses jours. Transformé en Musée, il abrite aujourd’hui des nombreux objets rapportés par Hugues Krafft de ses voyages.

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