La Géographie n° 1544 (1er trimestre 2012) – La France, un curieux objet géographique
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Editorial : La France en son miroir électoral
Les géographes se sont-ils fait voler la France ? A écouter l’historien Michelet pour qui « la France est une personne », élégante relégation de la géographie bonne à faire juste le théâtre, on en est venu à relire nos classiques des années soixante-dix et quatre-vingts : Xavier de Planhol et son étudiant Jean-Robert Pitte, Armand Frémont, Philippe Pinchemel, Daniel Noin, Roger Brunet et Pierre Estienne dont les ouvrages ont formé notre doxa franca. Des livres à la fois savants et hésitants, citant eux aussi Michelet, peignant les formes mouvantes de ce couple unité/diversité pour saisir cet objet géographique complexe.
Et si justement la grande singularité de la France, c’était la diversité ? Non pas celle que célébraient Vidal de La Blache dans son Tableau de la géographie de la France de 1903 et Braudel, par ses paysages, ses tempéraments et ses goûts. Mais une diversité anthropologique, profonde et radicale, qu’Hervé Le Bras et Emmanuel Todd avaient déjà décrite en 1981 dans L’invention de la France, poussant l’impertinence à écrire que c’était là, notre « génie national ».
Leur Atlas anthropologique et politique, enrichi pour cette saison électorale 2012, rappelle que la France n’a été fondée par aucun peuple particulier. Elle porte le nom d’un groupe germanique, parle une langue dérivée du latin. Elle a été fondée par une communauté de peuples. Pour Todd et Le Bras, « plus que tout autre nation au monde, elle est un défi vivant aux déterminismes ethniques et culturels ». Apparu entre le VIe et le XIe siècle, le mot « Francia » a connu une belle fortune, grâce aux rois. Mais sa configuration spatiale a été très instable entre Philippe Le Bel et Louis XIV, Napoléon Ier ayant manqué la réalisation de son rêve d’une « grande nation » en charge d’une réorganisation de l’espace européen.
Au siècle dernier, la France s’est soudée autour lors des deux guerres, mais elle a dû lâcher son empire. Elle a perdu ses paysans. L’effondrement du catholicisme et du communisme ont entraîné un sérieux vide religieux et idéologique dans tout le pays. Les thèmes nationalistes qui ressurgissent à chaque campagne électorale trahissent un mal-être ou un défaut de méthode politique face aux défis de la mondialisation. Raison de plus pour ausculter en ce printemps électoral ce que notre identité géographique veut dire.
Gilles Fumey
Si l’on veut se reporter aux ouvrages cités : Xavier de Planhol, Géographie historique de la France, Fayard. Armand Frémont, France, géographie d’une société, Flammarion. Roger Brunet, Découvrir la France, Larousse. Jean-Robert Pitte, La France, Philippe Pinchemel, Géographie de la France, Daniel Noin, L’espace français et Pierre Estienne, La France, tous quatre parus chez Armand Colin. Gérard-François Dumont a aussi publié une Géographie de la France, dans les années 2000, chez Ellipses.
Sommaire du n° 1544
La Ruhr, nouveau coeur battant de l’Allemagne
par Lionel Cime, p. 6
La France, un territoire post-moderne
par Armand Frémont, p. 10
Paris et la France : je t’aime moi non plus !
Entretien avec Michel Carmona, p. 16
La France, patrie des vins
par Raphaël Schirmer, p. 22
La France,un plateau de fromages
par G. Fumey, p. 25
Le Charolais revisité
par Michel Sivignon, p. 28
Le grand retour de l’Asie
par Philippe Rekacewicz, p. 32
Comment lire la France ?
Une anthologie p. 34
Le bout du monde
par Olivier Lemire, p. 40
Le musée imaginaire Saisons,
p. 45
Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ?
Selon Pierre Bayard, p. 50
Les nouvelles de la géographie,
chroniques Livres, p. 52
Le cimetière des éléphants
par Jean Estebanez, p. 62
Drancy / Gorée : un réseau de mémoires
par Christian Grataloup, p. 64
Printemps en Sibérie
par Sylvain Tesson, p. 66
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